Les Flammes Awards, une cérémonie engagée

La troisième édition des Flammes Awards s’est tenue mardi 13 mai 2025 à la Seine Musicale de Boulogne-Billancourt. Elle a consacré les figures majeures de la scène urbaine francophone tout en s’affirmant comme un espace de reconnaissance artistique et de prises de parole. C’est une véritable vitrine des cultures populaires longtemps restées en marge des institutions traditionnelles. Cette cérémonie organisée par YARD et Booska-P continue d’élargir son influence et son audience.

Cette année, 25 prix étaient en jeu. Prix qui ont été remis selon un système de vote hybride alliant voix du public et arbitrage d’un jury d’experts. Une mécanique pensée pour faire coexister l’exigence artistique avec la force de l’impact populaire. En parallèle, pas moins de 18 performances live ont animé la soirée. Elles ont assuré un spectacle éclectique et représentatif de la diversité des scènes musicales actuelles.

25 prix et deux artistes ovationnés lors des Flammes Awards

Deux artistes ont particulièrement marqué cette édition. Le premier, Takiola, grand favori avec neuf nominations, est reparti avec trois trophées majeurs. Celui de la Flamme de l’artiste masculin de l’année, de l’album Nouvelle Pop pour BDLM Vol.1 et celui du morceau R’n’B pour Reste là, en featuring avec RnBoi & Monsieur Nov. Absent car en séminaire à Londres, Tiakola a tout de même adressé ses remerciements via une vidéo diffusée en direct. La seconde, Shay, quant à elle, a remporté les Flammes de l’artiste féminine de l’année et de la révélation scénique. Très applaudie, l’artiste a dédié son prix à toutes les femmes du milieu musical. Elle a rappelé son engagement pour une meilleure représentation.

Parmi les autres lauréats marquants, SCH a également brillé avec trois récompenses. Le Marseillais a remporté le meilleur morceau performance rap pour Prequel. Mais aussi le meilleur clip pour Stigmates et la meilleure pochette d’album pour JVLIVS III : Ad Finem. La Mano 1.9 a été salué comme révélation masculine de l’année. Enfin, Théodora, déjà remarquée pour son titre Kongolese sous bbl, a reçu la Flamme de la révélation féminine.

La cérémonie des Flammes Awards a aussi été marquée par une symbolique forte. Booba et Kaaris, adversaires historiques du rap français, ont chacun été distingués. Booba pour le featuring de l’année avec SDM sur Dolce Camara, et Kaaris pour un prix spécial célébrant les dix ans de sa tournée Or Noir. Aya Nakamura, très suivie à l’international, a reçu la Flamme du rayonnement international. Elle a été remise par Thomas Jolly, directeur artistique des JO 2024, en hommage notamment à sa prestation emblématique sur le pont des Arts.

Tous les sujets ont été abordés lors de la cérémonie

L’espace musical s’est par ailleurs transformé en tribune politique. Plusieurs artistes et figures de la soirée ont exprimé leur solidarité avec les peuples palestinien et congolais. Le collectif Not about us a été honoré par la Flamme de l’engagement social pour son concert caritatif du 22 avril au Zénith de Paris. Kery James, fidèle à son verbe engagé, a lancé un appel à la conscience politique dans le monde du rap : « Qui prétend faire du rap sans se dresser du côté des Palestiniens ? Qui prétend faire du rap et se taire ? »

De son côté, Franglish, est lauréat de la Flamme du morceau de musique africaine avec Boucan. Il a évoqué la situation à Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo.

Le sport a également été représenté, avec la présence de Mamadou Sakho et Marie-José Pérec, venus remettre des prix. Et comme souvent, l’humour s’est invité dans les interstices, notamment via l’intervention de Merwane Benlazar, qui n’a pas hésité à épingler certaines figures médiatiques, dans un clin d’œil à l’actualité politique et télévisuelle.

Diffusée en direct sur YouTube et Twitch par Booska-P, puis en différé sur W9, cette édition 2025 confirme que les Flammes sont bien plus qu’une remise de prix : elles incarnent une dynamique culturelle en pleine expansion, où art, société et représentations s’entrelacent. Une scène vivante, revendicative, parfois provocante, mais surtout authentique, où les artistes issus des cultures populaires peuvent enfin rayonner à la hauteur de leur talent.

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